Bolchevisme et question nationale

Vijay Singh

La solution bolchevique de la question nationale en Union soviétique a été une cible favorite pour les critiques. De tels critiques ont pris de la force à la suite de certaines opinions de Lénine exprimées à la fin de sa vie. Cette réplique examine les vues du prof. Paresh Chattopadyay qui répercute la critique antisoviétique standard. L’ouverture des archives en ex-URSS a signifié qu’une image plus complexe se dégage des dernières lettres de Lénine. Lénine, tel qu’indiqué ci-dessous, a tenu Staline et Dzerjinski politiquement responsables de l’incident caucasien. Les minutes du 12e Congrès du Parti communiste russe (bolchevik) de 1923 donnent ce qui semble être la réponse oblique de Staline à la critique de Lénine : « Maintenant pour continuer, je me déplacerai à la question que je ne peux pas éviter. Ici, ils ont dit que je suis un expert dans les questions nationales. Camarades, je dois dire que je n’ai jamais prétendu être tel. J’ai deux fois refusé de donner un rapport sur la question nationale et les deux fois on m’a unanimement ordonné de faire le rapport. Je ne dis pas que je ne suis pas informé dans ces questions, j’ai une certaine connaissance de la question, mais je suis malade à mort de cela. Pourquoi Staline doit-il faire le rapport? Où cela est-il écrit? Pourquoi doit-il faire les frais des erreurs qui sont faites localement? Ce n’est pas noté nulle part. "(‘ Les Archives politiques de la Russie’, Volume 2, No 4, 1991, p. 268, accent ajouté).

Les vues exprimées par Chattopadyay Paresh sont ouvertes à la question sur les bases de la logique et des faits. (‘Back to War’, Frontier, le 1er avril 1995). Staline sur l’autorité de Lénine est peint dans la plus noire des couleurs sur la question nationale. Encore en février 1913 dans une lettre à Gorky, Lénine a mentionné Staline comme un ‘ merveilleux Géorgien ‘ pour son travail sur la question nationale. (V.I. Lénine, Oeuvres complètes, Vol. 35, Moscou, 1966, p. 84). En décembre de la même année, Lénine a recommandé le travail de Staline intitulé ‘le Marxisme et la Question nationale" déclarant qu’il a occupé une place en vue dans le traitement du problème national (V.I. Lénine, Oeuvres complètes, Vol. 19, Moscou, 1963, p. 539). C’était Lénine qui a nommé Staline au poste important de Commissaire du Peuple aux Nationalités après la révolution d’Octobre. Encore en mars 1922 au 11e Congrès du PCR (b) Lénine a défendu Staline à propos de la critique de Préobrajenski qui estimait incorrect que Staline dirige concurremment deux commissariats, soit les Nationalités et le Contrôle de l’État. Lénine a soutenu que pour qu’on s’y retrouve dans toutes les questions du Turkestan et du Caucase, ‘il nous faut un homme" que n’importe quel représentant des nationalités puisse aller trouver pour lui raconter en détail ce qui se passe. Où trouver cet homme? Je pense que Préobrajenski lui-même ne pourrait pas proposer une autre candidature que celle du camarade Staline ‘(V.I. Lénine, Oeuvres complètes, Vol. 33, Moscou, 1966, p. 320).

Sur la question de l‘autonomisation’ Lénine s’est opposé à l’idée de Staline que les diverses républiques incluant la Géorgie devraient entrer dans l’union projetée des Républiques socialistes soviétiques comme républiques autonomes, considérant que des sauvegardes étaient requises contre l’appareil russe. Molotov a indiqué que Staline dans ce cas a continué une ligne précédente de Lénine : ‘Lénine s’était opposé au principe fédéral, le fédéralisme, parce qu’il favorisait le centralisme. Toutes les rênes, tout doit être tenu entre les mains du prolétariat afin de renforcer l’État. Lisez juste son article sur la question nationale. Autonomie dans un état unitaire, oui. Mais Lénine a laissé tomber ce principe unitaire pour une solution fédérale : ‘créons l’Union des Républiques socialistes soviétiques! » Mais Staline n’a pas su cela au début ‘. (Rédacteur. A. Resis, ‘ Mémoires de Molotov, Chicago, 1993, p. 196). Les objections de Lénine ont été rencontrées quand l’URSS a été formée alors que la souveraineté des républiques unifiées était garantie.

Lénine est intervenu en 1922 dans la discussion entre le Comité transcaucasien du PCR (b) dirigé par G.K. Orjonikidzé et le groupe de communistes géorgiens dirigé par Budu Mdivani. Le groupe Mdivani désirait que la Géorgie entre à l’URSS directement et non par la Fédération transcaucasienne. Ils ont cherché à préserver les intérêts de la Géorgie aux dépens de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan et ont empêché les liens économiques et politiques de la république transcaucasienne. Lénine n’a pas soutenu les vues de Mdivani. Alors comme maintenant le Caucase était un foyer de lutte nationale et c’était la suggestion de Lénine que l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie doivent être unis comme une Fédération’... une fédération des républiques transcaucasiennes est absolument correcte en principe et doit être mise en oeuvre sans faute’ (V.I. Lénine op. cit., p. 127). Lénine a été d’une manière justifiable outragé, quand Orjonikidze, ayant été insulté, a recouru à la violence physique avec un membre du groupe Mdivani. Après cet incident, Lénine a conseillé une profonde prudence et un empressement d’accepter un compromis avec les Georgiens. Lénine a voulu qu’une punition exemplaire soit infligée à Orjonikidze. Il a tenu Staline et Dzerjinski être politiquement responsables de ce qu’il a nommé’ cette campagne nationale Grand-russe ‘(V.I. Lénine, Oeuvres complètes. Vol. 36, Moscou, 1971, p. 610).

Paresh Chattopadyay est en fait incorrect quand il soutient que Lénine ‘a condamné Staline, qui comme un’ Grand-russe, venant d’autres nationalités... a exagéré ‘le chauvinisme grand-russe’, cette disposition d’esprit russe’. La citation réelle montre que Lénine critiquait ici le communiste polonais Dzerjinski et non Staline :

‘Je crains aussi que le camarade Dzerjinski, qui s’est rendu au Caucase pour enquêter sur ‘les crimes’ de ces ‘social-nationaux, se soit de même essentiellement distingué ici par son état d’esprit cent pour cent russe (on sait que les allogènes russifiés forcent constamment la note en l’occurrence)... ‘(Op. cit., p. 620).

Mais est-ce que cela est tout à fait clair que Lénine a appelé Staline ‘un voyou Grand-russe’ comme Paresh Chattopadyay le prétend? Il est plus probable, que Lénine dans le passage suivant se référait au Géorgien GK Orjonikidzé qui avait malmené un membre du groupe Mdivani :

« Le Géorgien qui considère avec dédain cet aspect de la question, ou qui lance dédaigneusement des accusations de ‘social-nationalisme’ (tandis qu’il est lui-même non seulement un vrai, un authentique ‘social-national’, mais encore un brutal argousin grand-russe), ce Géorgien -là, porte en réalité atteinte à la solidarité prolétarienne de classe...’ (Op. cit., p. 622).

La vue exprimée sur la question du transfert de quelques nationalités de leurs patries traditionnelles pendant la Deuxième Guerre mondiale est aussi douteuse. Il est nié, par exemple, qu’un certain nombre de nationalités ont collaboré avec le Nazisme en raison du fait qu’ils ont simplement fourni de l’alimentation aux Allemands sous contrainte. Encore une analyse récente montre d’une façon convaincante qu’un certain nombre de nationalités turques étaient coupables de trahison massive au côté de l’Allemagne Nazi. (W.B. Bland, ‘ The Enforce Settlements, Londres, 1993). L’armée nazie a été rencontrée avec jubilation et accueillie comme ‘des libérateurs’ par pratiquement la population entière de la Crimée et des secteurs Turcs du Caucase du Nord. L’armée Allemande s’est assurée l’appui des Tatars de Crimée et des peuples Caucasiens divers pour former ‘des bataillons d’autodéfense’ qui ont pris la tâche de pourchasser les forces des partisans qui se sont engagés dans la lutte contre l’occupation nazie. Ceci est plus loin corroboré par Molotov qui a argué comme suit : ‘le fait est que pendant cette guerre nous avons reçu des rapports de trahison massive. Des bataillons de Caucasiens se sont opposés à nous aux fronts et nous ont attaqués de l’arrière. C’était une question de vie et de mort; il n’y avait aucun temps pour examiner les détails. Bien sûr, des innocents ont souffert. Mais je tiens à dire qu’étant donné les circonstances, nous avons agi correctement. " (Op. cit. p. 195). La dissolution de la République socialiste soviétique autonome allemande de la Volga et le transfert de sa population ont aussi eu lieu pour des raisons de sécurité d’État. Les nations déménagées ont reçu de la terre et ont reçu l’aide de l’État pour établir leur vie économique.

C’est incorrect, de plus, de soutenir que Staline à la fin de la guerre « a salué les Russes et non tout le Peuple Soviétique ». Dans son discours du 24 mai 1945, Staline a en réalité exposé :

‘Je voudrais proposer que nous buvions à la santé du Peuple Soviétique et principalement du peuple russe’ (J. Staline, ‘Sur la Grande Guerre patriotique de l’Union soviétique’, Moscou, 1954, p. 24). Staline a alors donné ses raisons pour la déclaration que les Russes étaient les plus remarquables de toutes les nations qui ont constitué l’Union soviétique.

Il a soutenu que durant la guerre le peuple russe avait gagné la reconnaissance universelle comme force directrice de l’Union soviétique parmi tous les peuples du pays. (Loc. cit.)

Une évaluation complète de la contribution de Staline à la solution de la question nationale en Union soviétique doit tenir compte d’un certain nombre de faits. C’est Staline qui a découvert des nations entières, qui a rédigé les nouvelles frontières ethniques nationales et a guidé la formation des Républiques asiatiques centrales. Sous le pouvoir soviétique, quarante-huit nationalités ont acquis un alphabet écrit pour la première fois. Avant 1917, la majorité de la population était illettrée, dès 1939 l’analphabétisme avait été en grande partie surmonté. La période de Staline a vu la croissance économique des républiques nationales. Pendant que la croissance industrielle se faisait à une haute vitesse en URSS dans l’ensemble, la croissance industrielle des républiques nationales grandissait avec une rapidité particulière. En URSS dans l’ensemble, la production brute de l’industrie à grande échelle avait augmenté avant 1940 de 12 fois comparé à 1913. Dans la RSS du Kazakhstan, elle a augmenté de 20 fois, en Géorgie de 27 fois, dans la RSS Kirghiz de 153 fois et dans la RSS Tajik de 308 fois. De la même façon, les Républiques asiatiques centrales ont profité énormément dans le domaine de l’éducation. Le nombre d’élèves dans les écoles secondaires et élémentaires a augmenté en 1940 en comparaison de 1914-15 comme suit : dans la RSS de l’Azerbaïdjan de 9.4 fois, dans la république arménienne de 9 fois, de 10.9, dans la RSS Kazakh, dans celle de Turkménie de 35 fois, de Kirghizie de 47 fois, dans la RSS Uzbek de 73 fois et dans la RSS Tajik de 822 fois. (Politicheskaya Ekonomiya, Uchebnik, Moscou, 1954, p. 372). Il est ironique que la contribution de Staline est aujourd’hui réévaluée d’une façon positive en ex-Union soviétique, mais qu’ailleurs il y en a encore plusieurs dans la déformation khrouchtchévienne.

Traduction du Dr Adélard Paquin

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