Le Testament de Lénine et le XIIIe Congrès du Parti

Lazar Kaganovich

Malgré le fait que, entre XII et le XIII Congrès du Parti, comme aussi entre XIII et le XIV Congrès, beaucoup de temps, d’effort et d’énergie ont été dépensés pour rejeter l’opposition Trotskiste et pour défendre la théorie et la politique de Lénine., le Parti et le Comité Central ont fait beaucoup de travail organisationnel pour améliorer la surveillance du parti des affaires d’état et économiques aussi bien que pour renforcer le Parti. La discussion elle-même avec Trotski a été conduite par le Comité Central et le Parti en grande profondeur et à un niveau fondamental, contrecarrant les efforts de l’opposition pour rétrécir les discussions à de petites questions. La discussion elle-même a éclairé et a renforcé les rangs du Parti Bolchevik.

Dans le Rapport du Secrétaire général du Comité Central Staline au XIII Congrès il a été clairement démontré, comment largement le Parti et son Comité Central ont conduit le travail politique et organisationnel du Parti, ont renforcé les liens entre le prolétariat et les paysans et ont par dessus tout renforcé le Parti lui-même.

Le Congrès a confié au Comité Central, décisivement et fermement, comme il a fait jusqu’ici, la sauvegarde de l’unité du Parti et de sa ligne Bolchevique des déviations. Après que le Parti eut perdu le Camarade Lénine, le travail pour l’unité du parti est devenu plus important que jamais auparavant. Le plus petit esprit de coterie a dû être traité fortement.

Le Congrès a entendu le Rapport et a examiné les questions suivantes: son travail dans la campagne, le commerce intérieur et la coopération, le travail de la Commission de Contrôle, le travail du Congrès de la Jeunesse, le travail parmi les femmes du prolétariat, et des femmes de paysans et autres question.

Sur toutes ces questions, le Congrès pris des décisions esquissant des tâches concrètes et des mesures. Moi, bien sûr, j’ai participé au travail de projets comme à celui du travail dans les villages, parmi la jeunesse, parmi le prolétariat et les femmes de paysans, mais, certainement, j’ai pris la partie la plus active dans la formulation des décisions sur ‘les Tâches immédiates de l’organisation du Parti.’ Une grande commission du Congrès a travaillé sur cette question et a présenté un certain nombre de corrections au projet de la résolution sur cette question. Il faut déclarer que non seulement les ouvriers de souche, mais aussi nous du Comité Central, y compris les auteurs du projet, Camarade Molotov et Kaganovich et d’autres pendant le travail de la commission, ont fait des additions et des corrections au projet de la résolution tenant compte des suggestions et des désirs des délégués au Congrès.

Comme la construction du Parti est associée à la situation économique et politique générale du pays et avec le statut du parti, ainsi la résolution du Congrès, comme aussi le Rapport, commence par l’augmentation économique projetée du pays et une montée politique correspondante, particulièrement parmi la classe ouvrière, le paysan pauvre et le paysan moyen progressif à la campagne. D’autre part, le processus inévitable du renforcement sous le NEP des sections bourgeoises et petites bourgeoises était aussi en voie de réalisation.

Le Congrès a souligné que le parti doit tenir compte de l’augmentation des activités des koulaks à la campagne et du Nepman dans les villes. Faire ainsi est d’autant plus important et nécessaire que ce processus affecte le parti parce que les sentiments petits bourgeois se sont infiltrés dans le parti.

La croissance du prolétariat, sa culture, certaines améliorations dans la condition économique des travailleurs, le déclin de l’influence et de l’autorité des partis antisoviétiques des Mencheviks et des Socialistes Révolutionnaires créent des conditions qui contribuent non seulement à surmonter les petites déviations bourgeoises parmi les ouvriers et dans le parti, mais aussi pour attirer de larges sections d’ouvriers progressifs dans les rangs du parti.

L’expérience d’enrôler les gens a montré que ces ouvriers qui joignent le parti connaissent mieux les travaux du parti, mais les ouvriers moins engagé dans l’assistance sociale, disons par exemple les femmes des ouvriers, ne sont pas enrôlées adéquatement. Le Congrès a donné des directives pratiques sur ce sujet. Dans sa résolution le Congrès a désigné que sur l’appel de Lénine plus de 200 000 ouvriers ont joint le parti et cela mène à un substantiel renfort de ses rangs. Le Congrès a particulièrement souligné l’importance et l’urgence d’une éducation Communiste persistante de ceux admis dans le parti et la jeunesse du parti dans l’ensemble qui renforcera et les cadres du parti et de l’appareil d’état. Il ne faut pas retarder de placer les ouvriers qui ont été admis dans des emplois pratiques de l’état.

Le Congrès a souligné l’importance d’une information bien qualifiée et bien présentée pour laquelle la cellule correspondante de l’information a été établie plus tôt. De nouveau, soulignant l’importance d’attirer les ouvriers du banc de l ‘usine dans le parti, le Congrès a dit qu’il est nécessaire d’organiser l’admission des fermiers progressifs, des jeunes étudiants, des hommes de l’Armée rouge et même fortement recommandé des employés de bureau, tout en suivant strictement les ordres et des règles établies par les règlements du Parti avec quelques concessions pour les paysans et les Paysans sans terre dans les républiques nationales Orientales.

Le XIII Congrès a élu une nouvelle composition du Comité Central, l’étendant en admettant les nouveaux jeunes membres du Parti. Avant la discussion de la question de la composition du Comité Central, la lettre écrite par Lénine au Congrès qui est devenue une partie du testament de Lénine a été lue à haute voix et discutée avec les délégués.

Dans ‘la Lettre au Congrès’, Lénine a commencé par la question d’augmenter le nombre des membres du Comité Central et pense que c’est nécessaire pour élever son autorité et pour améliorer sérieusement le travail de l’appareil et aussi pour empêcher que les conflits de certains petits groupes du C.C. ne puissent prendre une trop grande importance pour les destinées du Parti.

Il reliait les réformes à l’existence d’états hostiles entourant l’Union soviétique. ‘Une telle réforme, ajoute-t-il augmenterait notablement la solidité de notre Parti et lui faciliterait la lutte dans un entourage d’états hostiles, lutte qui selon moi peut et doit s’aggraver dans les prochaines années. Il me semble que la cohésion de notre parti serait énormément renforcée par l’adoption de cette mesure.’ (V.I. Lénine, Oeuvres Complètes, Volume 36, Moscou, 1971, p. 606-7 – rédacteur R.D.) Le parti a accepté cette réforme entièrement: au XIII Congrès 55 membres du Comité Central et 35 candidats, parmi lesquels beaucoup étaient des ouvriers ont été élus. Dans la Commission de Contrôle Central du Congrès 150 membres, dont la majorité était des ouvriers, ont été élus.

Plus loin, Lénine dans sa deuxième moitié de la lettre écrit, ‘Lorsque je parle de la lutte pour la cohésion du Comité central, j’ai dans l’esprit les mesures à prendre contre la scission, si tant est que de telles mesures puissent être prises.... J’estime que, sous ce rapport, le point essentiel dans le problème de la cohésion, c’est l’existence de membres du Comité central tels que Staline et Trotski. Les rapports entre eux constituent à mon sens le principal danger de cette scission qui pourrait être évitée, ce à quoi devrait entre autres servir, à mon avis, un accroissement de l’effectif, du Comité central, porté à 50 ou 100 membres’ (Ibid., p.606 – rédacteur R.D.) Ainsi, premièrement, Lénine a placé Staline très haut comme un des deux membres principaux du Comité Central. Et deuxièmement, les faits de l’histoire du Parti montrent que c’était précisément Trotski qui était l’initiateur de l’attaque sur le parti, sur le Comité Central et sur Staline, qui, pour défendre le Parti a dirigé l’attaque inverse sur Trotski et la confiance sur la force du Parti a défait le Trotskisme qui s’est opposé au Léninisme. Ce n’est pas nouveau, même quand Lénine était vivant, Trotski continuait à inventer des petites attaques bourgeoises antipartis sur le Parti et Lénine. C’était ainsi non seulement avant la révolution quand il était un Menchevik, mais aussi après la révolution, quand il est devenu un membre du Politburo du Comité Central.

C’est arrivé, par exemple, pendant la discussion sur des syndicats quand il a mis le parti dans une situation critique et c’est seulement en raison du sang-froid extraordinaire de Lénine qu’une crise a pu être évitée.

Lénine plus loin, caractérisant Staline et Trotski, écrit:

‘Le camarade Staline, devenu Secrétaire général, a concentré entre ses mains un pouvoir illimité, et je ne puis pas sûr qu’il puisse toujours s’en servir avec assez de circonspection. D’autre part, le camarade Trotski, comme l’a déjà montré sa lutte contre le comité central dans la question du Commissariat du peuple des voies de communication, ne se fait pas remarquer seulement par des capacités imminentes. Il est peut-être l’homme le plus capable de l’actuel comité central, mais il pèche par excès d’assurance et par un engouement exagéré pour le côté purement administratif des choses.

‘Ces deux qualités des deux chefs éminents du Comité central actuel seraient capables d’amener incidemment la division et, si notre Parti ne prend pas les mesures nécessaires pour s’y opposer, la scission peut se faire sans qu’on s’y attende.’

Cette scission n’est pas arrivée parce que le parti se ralliant autour du Comité Central, a compris la tactique non-bolchevique et les manoeuvres de la lutte fractionnelle de Trotski contre le Parti et Lénine et a défait le Trotskisme dans ce combat, Staline a joué un rôle principal. Lénine, dans la même lettre, a averti le Parti de la conduite de Trotski.

Lénine écrit, ‘Je ne m’attacherai pas à caractériser les qualités personnelles des autres membres du comité central. Je me contenterai de rappeler que l’épisode d’octobre de Zinoviev et de Kamenev n’était assurément pas un fait accidentel, mais qu’il ne peut pas plus lui être imputé ce crime personnellement que le non bolchevisme de Trotski.’ (Ibid., p.607).

Ainsi, Zinoviev et Kamenev n’ont pas commis leur erreur d’octobre accidentellement et en autant que Trotski est concerné, il n’est pas un Bolchevik dont le non-bolchevisme, en général, est autant lié au passé, qu’il est au présent, peut être compris pour être une particularité permanente de Trotski. D’autre part, dans l’évaluation de Staline il n’y a aucun mot sur aucune déviation des principes du Bolchevisme. Lénine considère Staline comme un Bolchevik inflexible, mais a quelques commentaires complémentaires quant à Staline. Lénine ajoute à la lettre du 24 octobre 1922, ‘Staline est trop brutal, et ce défaut parfaitement tolérable dans notre milieu et dans les relations entre nous, communistes, ne l’est pas dans les fonctions de secrétaire généal. Je propose donc aux camarades d’étudier un moyen pour démettre Staline de ce poste et pour nommer à sa place une autre personne qui n’aurait en toutes choses sur le camarade Staline qu’un seul avantage, celui d’être plus tolérant, plus loyal, plus poli et plus attentif envers les camarades, d’humeur moins capricieuse, etc.’ (ibid., p.608.

Cependant, même ici il n’y a aucune charge d’une nature de principe politique et Staline est considéré par Lénine comme un des deux leaders principaux du Comité Central présent, les commentaires critiques adressés à Staline sont donc tous certainement très sérieux et alors nous tous, les délégués au Congrès, avons pris ceux-ci en très sérieuse considération. Je sais cela non seulement comme un délégué du Congrès, comme un ouvrier dans le CC. mais aussi comme un ouvrier du parti qui est étroitement lié aux délégués. Quand la lettre de Lénine a été lue à haute voix et discutée parmi les délégués, tous les membres, malgré tout notre amour, notre respect et notre fidélité pour Lénine, ont posé la même question: est-il possible de trouver une personne qui a toutes les qualités de Staline, comme Lénine lui-même le signale, mais différerait dans le sens d’être plus tolérant, positif, sensible etc. si Lénine avait été convaincu que cela pouvait être fait facilement c’est-à-dire trouver un remplacement pour un des deux membres principaux du Comité Central, il aurait, avec sa franchise inhérente proposé le déplacement de Staline et mis une autre personne à sa place. Mais il était très prudent et même ambigu: ‘je suggère que les camarades pensent à un moyen d’enlever Staline de ce poste.’ (Loc. cit.).

On sait, que Lénine en critiquant, de temps en temps en termes très forts, instruit les cadres et les associés intimes espérant qu’il les aiderait à rectifier leurs erreurs. Il est plausible que Lénine même ici en mettant la question de cette manière s’attendait à ce que Staline rectifie les défauts désignés par lui. Et Staline pendant le XIII Congrès a promis qu’il écoutera les remarques critiques de son enseignant Lénine et surmontera ses faiblesses. Nous, qui avons travaillé avec Staline, pouvons dire qu’immédiatement après le XIII Congrès Staline a observé le principe collégial et a été loyal et poli dans son travail comme l’exigeait Lénine.

Tous les délégués du Congrès et le parti lui-même savaient que Staline a joué un rôle important dans le noyau Léniniste du C.C. dans la lutte contre les attaques fractionnelles du Trotskisme, de la prétendue Opposition Ouvrière et d’autres groupes d’opposition contre le Parti et le Léninisme. Dans cette lutte Staline a montré du courage, de la prévoyance théorique et politique et de la cohérence Léniniste et une attitude intransigeante. Il doit être noté que Staline, comme tous les autres Léninistes, a montré une tolérance exceptionnelle envers les leaders de l’opposition, y compris personnellement Trotski, autant Zinoviev et Kamenev. Voyons seulement les faits: Combien de fois le C.C. les a avertis et a toléré leur indiscipline les laissant faire parti du Politburo pendant tant d’années de leurs activités antiparti. Et c’est seulement en 1927 quand ils ont organisé leur propre démonstration antisoviétique pendant les jours des festivités du dixième anniversaire de la Révolution d’octobre que le Comité Central adopte finalement des pas plus sévères. Staline, comme Secrétaire général du Comité Central pendant l’absence de Lénine, a organisé les cadres pour accomplir les décisions du C.C. et du Politburo contribuant ainsi à surmonter une crise dangereuse dans le Parti provoquée par le Trotskistes. Ainsi le Parti a préservé son unité et a renforcé la position politique externe de l’URSS dans sa lutte contre les impérialistes qui voulaient toujours la restauration du capitalisme en URSS.

Les délégués au Congrès du Parti, reflétant l’humeur du parti, ont dit que l’enlèvement de Staline peut endommager la position interne et externe du Parti et de l’URSS.

Ils ont dit que Staline, même pendant que Lénine vivait était un membre autorisé du Politburo, dans une période courte de l’absence de Lénine en raison de la maladie et après sa mort il a gagné l’autorité même plus grande dans le Parti et le pays et que dans les circonstances présentes ils ne peuvent pas identifier une autre personne dans le C.C. qui peut remplacer Staline. Les délégués du Congrès ont exprimé leur confiance que Staline, évidemment, tiendra compte de l’observation de Lénine et s’avérera être un Secrétaire général digne du C.C. Ainsi les délégués du XIII Congrès, ainsi que le Plenum du C.C., ont voté pour réélire Staline comme Secrétaire général du C.C.

Même Trotski ne s’est pas opposé à cette décision et Zinoviev et Kamenev ont soutenu et ont voté pour cette décision. Chacun a reconnu que seulement une telle décision aboutira à servir la cause de l’unité du Parti, de l’État Soviétique, de l’unité du prolétariat et des paysans et le mouvement Communiste international.

Courtoisie, Lazar Kaganovich, Pamyatnyezapiski, Vagrius, Moscou, 1996, p. 356-361.
Avec remerciements à Igor Minervin.

Traduit du Russe en Anglais par Meeta Narain.
Traduit de l’anglais par le Dr Adélard Paquin

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