La Vie et l’Époque de Josef Staline
par M.R. Appan
(Prajasakti Book House, Hyderabad, 2001)

Cde. Appan a écrit un livre très utile sur Staline. Il couvre la période de son enfance et ses premières années comme révolutionnaire en Géorgie dans le Caucase, son travail avec Lénine comme leader du Parti Bolchevik et de la Révolution d'Octobre, son rôle dans la direction de la Société Soviétique à travers la période de l'industrialisation et de la collectivisation, la Grande Guerre Patriotique contre l'Allemagne Nazie et la seconde reconstruction après la guerre jusqu'à sa mort en 1953. Le livre est documenté à fond et bien noté, avec des références de savants bourgeois et de sources marxistes-léninistes, le rendant facile pour le lecteur intéressé à acquérir une information complémentaire. Appan défend successivement les opinions de Staline et ses actions pendant sa vie entière comme un révolutionnaire, sans faire de concessions aux calomnies de la bourgeoisie et des révisionnistes.

Dans son premier chapitre, l’introduction, Cde. Appan s'oppose ouvertement aux attaques de Khrouchtchev et de ses disciples sur Staline. Il signale que tandis que personne n'a pris au sérieux les attaques ouvertes des agents de l'impérialisme ou des renégats comme les Trotskistes et les sociaux-démocrates contre Staline, le ‘‘rapport secret’ de Khrouchtchev sur Staline est devenu une arme puissante dans les mains des ennemis avérés du communisme et a aidé à saper la foi des gens dans la cause du Marxisme-Léninisme’ (p. 7). Cde. Appan aussi déclare correctement que le ‘culte de la personnalité’ qui a grandi autour de Staline est un point de vue anti-prolétarien, mais que c'était Khrouchtchev et d'autres de son genre, pas Staline, qui a encouragé cela. Finalement, Cde. Appan lie correctement les attaques sur Staline à la chute suivante de l'Union soviétique et des démocraties populaires européennes de l'Est., déclarant que ‘la négation du rôle de Staline conduira à l'anti-marxisme et à l'anti-léninisme et à la destruction du mode socialiste de production’ (p. 18).

Cependant, il y a une faiblesse significative de l’auteur dans sa Critique du révisionnisme dans ce chapitre d’introduction. Il signale les manoeuvres politiques des révisionnistes après la mort de Staline, comme l'épuration de 70% des membres du Comité Central qui avaient été élus au 19e Congrès du Parti en 1952 pendant le cours du 20e' Congrès en 1956. Mais il n'y a aucune mention des pas entrepris pour saper les relations socialistes de production. Par exemple. il omet la vente des Stations de Tracteurs et Machines aux fermes collectives ce qui a converti une partie importante de la production d'état en marchandises. L'auteur ne discute pas non plus le fait que sous Khrouchtchev le bénéfice d'entreprises est devenu l'indicateur principal de la production contre lequel Staline avait averti dans les Problèmes Économiques du Socialisme en URSS, écrit en 1952). De telles mesures ont conduit à la chute du socialisme véritable en Union soviétique et dans les démocraties populaires européennes de l'Est à part l'Albanie) bien avant Gorbatchev et à. l'écroulement de l'Union soviétique.

Il est impossible dans cet bref article de faire plus que souligner les points importants dans le livre du Cde Appan. Par exemple. il défend directement la politique du socialisme dans un pays, montrant que Lénine pensait que cela pouvait être le chemin que l'Union soviétique devait prendre. Il donne une image claire de l'industrialisation et de la collectivisation de l'agriculture, montrant comment cette politique a libéré le pays de l'arriération héritée de la Russie tsariste. Dans le processus il montre comment Staline a dû combattre les déviations ultra gauchistes de Trotski et les vues de droite de Boukharine et leurs partisans. Cde. Appan montre aussi, en employant de longues citations des transcriptions du procès, la trahison de Zinoviev, Kamenev, Boukharine et d'autres, toute dirigée de l'extérieur par Trotski, ce qui a conduit à leur exécution. Il explique le nettoyage du parti d'éléments étrangers, ainsi que l'indication de la critique de Staline de ‘l'attitude bureaucratique qui a mené à l'expulsion injuste de plusieurs simples ouvriers du parti’ (p. 235).

D'un intérêt particulier à ce critique était la discussion du camarade Appan des mesures prises par Staline dans la préparation pour l'attaque menaçante par l'Allemagne Nazie contre l'Union soviétique, qui a eu lieu en juin 1941. Tout en étant prudent de ne pas donner aux Nazis une excuse pour une première attaque, Staline a appelé 800,000 réservistes en mars de cette année et a avancé 28 divisions frontalières en avril (p. 271). L'auteur discute de la mobilisation des membres du Parti Communiste et du Komsomol (la jeunesse communiste) dans les forces armées presque immédiatement après le début de la guerre (p. 278). Et il explique le grand travail de reconstruction après la fin de la guerre, conduisant au surpassement des niveaux de production d'avant-guerre avant 1948 et significativement l'augmentation des niveaux de production vers la fin du Quatrième Plan Quinquennal en 1950.

Il y a quelques sections du livre dans lesquelles la discussion des questions idéologiques et politiques du camarade Appan est assez pauvre. Par exemple, dans le chapitre sur ‘le Combat Contre les Déviations’ en critiquant Trotski, Boukharine et autres, il y a beaucoup de matériel consacré aux détails sur la façon dont les déviationnistes ont perdu leur 'influence dans les divers organes du parti, mais pas assez de matériel qui fait comprendre la substance de leurs vues. Cela fait qu’il est difficile pour le lecteur de saisir la nature essentielle des différences entre Staline et la majorité du parti d'une part et les déviationnistes de l'autre.

En général, le livre du camarade Appan doit être considéré comme une des quelques défenses directes disponibles en langue anglaise de Staline et sa politique, ensemble avec le «Trotskisme ou Léninisme» de Harpal Brar (Londres, 1993), la «Restauration du Capitalisme en Union Soviétique» de Bill Bland (Wembley, 1980) et «Un Autre Regard sur Staline» de Ludo Martens (Anvers, 1996).

Pour conclure, je donnerai une citation de l'avant-propos excellent par Nanduri Prasada Rao, puisqu'il donne un exemple clair de la poigne de Staline du matérialisme historique. Durant la lutte armée du paysan dans Telengana, Inde, un débat a surgi quant à la voie de la révolution que l’Inde devait suivre, la voie russe ou la voie chinoise. La question a été soumise au Parti Soviétique et à Staline qui, après l'octroi de son conseil sur les problèmes particuliers de la révolution indienne, a souligné que ni les modèles russe ou chinois seraient suffisants et que ‘chaque pays a ses propres particularités, naturelles et sociales, qui ne peuvent pas manquer de diriger son chemin à la libération’ (p. xi).

George Gruenthal
New York, États-Unis
Traduit de l’Anglais par le Dr Adélard Paquin

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